L’eau, c’est la vie, avons-nous coutume de dire. Mais l’eau aussi, c’est l’emploi, devons-nous apprendre à dire. En choisissant de placer la Journée Mondiale de l’Eau 2016 sous le thème "Eau et emploi", la communauté internationale a voulu valoriser les bénéfices parallèles liés aux investissements dans le secteur de l’eau, c'est-à-dire le rôle joué par l'eau dans la création et le soutien d'emplois de qualité. Justement à ce sujet, les Nations Unies concluent que l’eau est une condition de la croissance et de la création d’emplois ; une affirmation que EAA partage.

 Dans l’édition 2016 de son Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau, l’ONU constate que « Trois quart des emplois dans le monde dépendent de l’eau ». De son extraction jusqu’à son retour dans la nature, en passant par ses différents usages, l’eau est un facteur clé dans la création d’emploi qu’il s’agisse d’emplois directement liés à la gestion de cette ressource (approvisionnement, infrastructure, traitement des eaux usées…) ou à des secteurs économiques gourmands en eau comme l’agriculture, la pêche, l’énergie, l’industrie et la santé. Par ailleurs, l’accès à une source d’eau potable et à l’assainissement favorise une main d’œuvre éduquée et en bonne santé, facteur indispensable de croissance. Du reste, il y a une corrélation positive entre l’investissement dans le secteur de l’eau et la croissance économique, de même qu’une mise en évidence du rôle moteur de l’eau dans la transition vers une économie verte.

Si ce rôle de l’eau est admis, il est logique de déduire que les pénuries et les problèmes d’accès à l’eau auxquels des millions de personnes sont toujours confrontées sont susceptibles de limiter la croissance économique dans les années à venir. L’Agence panafricaine intergouvernementale Eau et Assainissement pour l’Afrique (EAA) avait bien anticipé cette probabilité en développant, dans sa nouvelle vision, une approche globale et intégrée de la question de l’eau qui implique la responsabilisation du secteur privé, qu’elle a appelé la construction de l’implication du secteur privé dans la fourniture et la gestion des infrastructures d’eau et d’assainissement.

A l’occasion donc de cette journée du 22 mars dédiée à l’eau, nous voudrions exhorter les parties prenantes (Etats, ONG du secteur, PTF, etc.) à adopter le développement de mécanismes de financement privé qui permettront de lever les ressources endogènes en vue de résoudre les défis majeurs qui demeurent posés dans le secteur de l’eau.

Cette approche que nous prônons, qui intègre l’eau l’assainissement à l’agriculture puis à l’énergie, crée une chaîne dont le fonctionnement implique nécessairement des acteurs de niveaux divers, et fait naître des métiers. Il s’agit là d’une opportunité certaine de créations d’emplois car sur toute la chaîne, des Petites et Moyennes Entreprises (PME) sont créées pour agir à chacune des étapes. Il y a les PME de constructions des ouvrages (PME/BTP), celles de collectes des ordures pour ce qui concerne l’assainissement, celles de mobilisation sociale et du renforcement des capacités, etc.

Nous croyons fortement que si dans les pays développés le rôle créateur d’emploi du secteur de l’eau est démontré, (par exemple 340 000 emplois notés en France en 2012), c’est que dans les pays en développement où il y a plus d’opportunités, ce potentiel est beaucoup plus prometteur. Pour ce faire, il faut arriver à créer un environnement d’affaire favorable permettant d’attirer les investisseurs privés locaux qui a leur tour vont financer les PME qui sont les principaux pourvoyeurs d’emploi. Cela relève, certes, de la responsabilité des ONG et institutions du secteur, mais engage surtout les Etats qui doivent prendre les précautions institutionnelles et juridiques pour assurer les investisseurs privés. Chacun des acteurs devrait, à son niveau de responsabilité, repenser sa stratégie afin que l’eau soit véritablement un pan créateur d’emplois concrets comme le souhaite le thème de cette journée del’eau.

Des robinets d'eau potable